Le risque dans tous ses états : réflexions sur un problème épineux de politique publique
20 mai 2015 • 11h30
Salle 2419, Pavillon de Charles-de-Koninck, Faculté de droit, Université Laval
20 mai 2015 • 11h30
Salle 2419, Pavillon de Charles-de-Koninck, Faculté de droit, Université Laval
Dans le cadre des Ateliers Interaxes 2014-2015 sur l’interprétation, le Regroupement Droit, changements et gouvernance est heureux de présenter « Le risque dans tous ses états : réflexions sur un problème épineux de politique publique» par la professeure Lyne Létourneau, professeure titulaire au Département des sciences animales de l’Université Laval, et Sylvie Loriaux, professeure à la Département de science politique de l’Université Laval qui jouera le rôle de répondant.
Entrée libre, sans inscription préalable.
S’il y a une leçon à tirer de la controverse ayant entouré les organismes génétiquement modifiés (OGM), c’est que le débat s’est fait aux dépens de cette nouvelle technologie. En dépit de leurs promesses, les OGM ont été pourfendus principalement parce qu’ils sont le symbole de l’agriculture intensive. Ainsi, à travers la lutte contre les OGM nous avons assisté au procès du modèle industriel de la production agricole. S’il fallait tirer une seconde leçon de la polémique portant sur les OGM, alors celle-ci devrait obligatoirement porter sur la gestion du risque. Marquée du triple sceau de l’incertitude ayant trait à l’évaluation scientifique du risque, de la complexité suscitée par la multitude des facettes du problème et des conflits de valeurs sous-tendant l’acceptabilité de cette nouvelle technologie, la question des OGM est vite devenue ce que les experts du domaine de l’administration publique appellent un problème épineux (wicked problem) de politique publique. S’il est malaisé de fournir la recette indéniable du succès dans la résolution de tels problèmes, un certain nombre de constats peuvent être tirés de l’analyse du cadre réglementaire applicable à l’autorisation des OGM au Canada. Ceux-ci, loin de correspondre à des pratiques exemplaires, illustrent plutôt ce qui ne devrait pas être fait. En effet, trois facteurs pointant l’insuffisance de la réponse donnée par le Canada au problème épineux des OGM peuvent être identifiés. Il s’agit de la négligence de la conception élargie du risque ; de la méconnaissance vis-à-vis des trois cadres conceptuels de l’acceptabilité du risque ; et du manque de transparence dans la prise en compte des préoccupations sociétales. Tous ces éléments mettent en lumière différents états du risque dont il importe pourtant de se soucier dans un contexte de gestion appropriée du risque.
Lyne Létourneau est professeure titulaire au département des sciences animales de l’Université Laval, où elle enseigne l’éthique de l’agriculture et de l’alimentation. Elle détient un doctorat en droit (2000) de l’Université d’Aberdeen en Écosse, de même qu’une maîtrise en droit (1993) et un baccalauréat en droit (1988) de l’Université de Montréal. Combinant cette formation disciplinaire à une expertise en éthique appliquée, ses intérêts de recherche portent sur les structures constitutives du rapport entre l’éthique et le droit dans les domaines de la protection des animaux et des biotechnologies agricoles. Elle s’est intéressée plus récemment à la prise en compte par les politiques publiques des préoccupations sociétales en matière d’agriculture et d’alimentation, de même qu’aux enjeux éthiques et de politique publique associés à la programmation épigénétique en matière d’obésité. La conduite responsable en recherche compte également parmi ses champs d’intérêts par le biais d’un enseignement aux 2e et 3e cycles ayant trait à l’intégrité scientifique. En 2014, elle a présidé le comité d’élaboration d’un nouveau diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) sur l’agriculture, l’alimentation et la société qui sera offert à l’Université Laval à compter de l’automne 2016. En plus de compter à son actif des publications relatives au droit de la protection des animaux, à la gouvernance des biotechnologies agricoles, à l’éthique animale et aux enjeux éthiques soulevés par la modification génétique des animaux et des plantes, elle est l’auteure du livre L’expérimentation animale : l’homme, l’éthique et la loi (1990) et la directrice de l’ouvrage collectif Bio-ingénierie et responsabilité sociale (2006). Elle travaille actuellement à la rédaction d’un ouvrage de référence sur l’éthique de l’agriculture et de l’alimentation. Lyne Létourneau a été membre du Comité consultatif canadien sur la biotechnologie (CCCB) de 2002 à 2007 et membre du Comité de travail sur les nanotechnologies en agroalimentaire de la Commission de l’éthique de la science et de la technologie (CEST) de 2009 à 2011. Elle a également été membre du comité de direction de l’Institut d’éthique appliquée (IDÉA) de l’Université Laval de 2004 à 2012. Depuis 2014, elle est membre du Comité d’éthique et d’intégrité en recherche du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies.
Sylvie Loriaux est professeure adjointe au Département de science politique de l’Université Laval. Elle est formée en philosophie, en éthique appliquée et en philologie germanique. Après avoir obtenu un doctorat en philosophie de l’Université de Louvain, elle a travaillé en tant que chercheuse postdoctorale au Centre for Law and Cosmopolitan Values de l’Université d’Anvers et au centre de philosophie du droit de l’Université de Nimègue. Ses domaines de recherche sont l’éthique des relations internationales, la philosophie politique moderne et contemporaine, et les théories de la justice. Elle travaille actuellement sur un projet de recherche qui traite de la nature et de l’étendue des droits territoriaux.
Ce contenu a été mis à jour le 10 septembre 2015 à 17 h 08 min.
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